Note 8.226 – le retour du peuple d’Israël à sa Thora est inéluctable

Question : Qui a dit que [la résurrection nationale] se passera bien ainsi ? D’où savons-nous que le peuple d’Israël en fin de compte reviendra à l’observance complète de la Thora et des mitsvot ? 

Réponse :

1/ Le message des prophètes.

Un homme qui reçoit l’inspiration sainte est capable de contempler l’intérieur de l’âme d’Israël et de voir la flamme qui s’y consume. Mais nous, qui n’avons pas le mérite de l’inspiration prophétique, nous avons tout de même le droit de boire les paroles du Saint-Béni-Soit-Il transmises par ses prophètes et par ses Sages, et ce sont eux qui nous ont enseigné cette connaissance fondamentale du retour de la nation vers son Dieu.

Les prophètes n’ont-ils pas parlé de “Nation pécheresse, peuple chargé d’iniquité, graine de malfaiteurs, enfants destructeurs ! Ils ont abandonné l’Éternel, outragé le Saint d’Israël, reculé en arrière” [Isaïe 1, 4] ? C’est ce peuple qui est tombé dans l’idolâtrie, dans la débauche et dans la violence meurtrière [Yoma 9b]. Et malgré tout cela, ils ont dit que le peuple d’Israël est un peuple saint, “Israël est sainteté pour l’Éternel, prémices de sa récolte” [Jérémie 2, 3] ; “La parole de l’Éternel fut sur moi pour dire : va proclamer aux oreilles de Jérusalem ce qui suit” – et qu’y a-t-il à dire ? faut-il dire que vous êtes des pervers, des méchants, des bâtards, des dégénérés et des jouisseurs ? Non, pas du tout : “Ainsi parle l’Éternel : Je te garde le souvenir du dévouement de ta jeunesse, de l’amour du temps de tes fiançailles, de ta marche derrière Moi dans le désert, dans un pays aride” [ibid. 1-2]. Je me souviens de toi, Assemblée d’Israël, de ta lune de miel, de l’amour de tes fiançailles, de l’époque où tu marchais derrière Moi (…), et Je me souviens de tout cela même après tout ce que tu m’as fait ! Certes, le peuple d’Israël a fauté et à cause de cela la destruction doit advenir. Mais au bout de compte, “Israël est sainteté pour l’Éternel, prémices de sa récolte”.

C’est pourquoi : “Tous ceux qui veulent leur perte seront mis en accusation et le malheur s’abattra sur eux, parole de l’Éternel” [ibid. 3]. Malheur à qui osera nuire au peuple d’Israël ! “Ainsi parle l’Éternel : quelle iniquité vos pères ont-ils trouvée à me reprocher pour s’éloigner de Moi et pour suivre la vanité et s’y complaire ?” [ibid. 5] – Pourquoi m’avez-vous abandonné, peuple d’Israël ?! Telle est la forme de la prophétie vis-à-vis du peuple d’Israël : les mots sont durs et percutants, mais le point essentiel est donné au début : “Israël est sainteté pour l’Éternel, prémices de sa récolte”, c’est précisément la génération qui a perverti ses voies qui est appelée ‘sainteté pour l’Éternel’ !

Et quand le prophète Isaïe fut envoyé vers le peuple pour prophétiser, il dit : “Malheur à moi, je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, et je réside au milieu d’un peuple aux lèvres impures !” [Isaïe 6, 5] – Le Midrach commente :

“Le Saint-Béni-Soit-Il lui dit : ‘Isaïe, tu as le droit de dire de toi que tu es un homme aux lèvres impures ; mais tu dis à propos d’Israël : ‘au milieu d’un peuple aux lèvres impures’ ? – alors qu’ils ont accepté mes mitsvot sans attendre de les avoir comprises, et qu’ils proclament l’unité de mon Nom deux fois par jour ? – et tu les appelles ‘peuple aux lèvres impures’ ?!’ Il est écrit là-bas : ‘L’un des Séraphins vola vers moi, tenant à la main un charbon ardent [‘ritspa’] qu’il avait pris sur l’autel avec deux pinces’ [ibid. 6] ; et qu’est-ce que ‘ritspa’ ? – c’est ‘routs pé’ [‘courir’ / ‘bouche’], la bouche de celui qui médit de mon peuple ; et qu’est-ce que ‘deux pinces’ ? – cela nous apprend que l’ange alla chercher le charbon ardent et qu’il se brûla ; il prit une pince pour le saisir et il se brûla encore ; il retourna prendre une deuxième pince, il la mit dans la première, saisit le charbon ardent et l’appliqua sur la bouche d’Isaïe, comme il est dit : ‘Il toucha mes lèvres et dit : ‘ceci a touché tes lèvres, ta faute est écartée, ton péché est expié’’ [ibid. 7]” [Midrach Tanhouma, Vayichlah § 2].

On ne parle pas comme cela du peuple d’Israël !

Il s’agit d’une génération dans un état catastrophique, comme le décrit le premier chapitre du livre d’Isaïe :

Nation pécheresse, peuple chargé d’iniquité, graine de malfaiteurs, enfants destructeurs ! Ils ont abandonné l’Éternel, outragé le Saint d’Israël, reculé en arrière. Là où vous êtes frappés vous vous rebellez davantage !” – La coupe des fautes est pleine au point qu’il n’y a plus de place, même pour une seule petite faute… “Toutes les têtes sont malades et tous les cœurs sont meurtris. Des pieds à la tête il n’y a plus un endroit intact, ce n’est que blessure, meurtrissure, plaie ouverte, qui ne sont ni soignées, ni pansées, ni adoucies par l’huile…” [Isaïe 1, 4-6]. “Entendez la parole de l’Éternel, notables de Sodome, écoutez la Thora de notre Dieu, peuple de Gomorrhe ! Que M’importe votre pléthore de sacrifices – dit l’Éternel ? Je suis rassasié de vos holocaustes de béliers, de la graisse de vos bœufs, et Je n’ai aucun désir du sang de vos taureaux, de vos agneaux et de vos boucs. Quand vous venez vous présenter devant Moi, qui vous a demandé de venir piétiner mes parvis ? Ne continuez pas d’apporter de vaines offrandes, un encens qui m’est une abomination ; la consécration du mois, le Chabbat, la lecture de la Thora me sont inacceptables, ils sont iniquité et profanation ; vos néoménies et vos jours de fête, ma vie les abhorre, ils sont pour Moi un dérangement, Je suis las de les supporter. Quand vous étendez les mains Je détourne de vous mon regard, même si vous multipliez les prières Je ne les écoute pas, vos mains sont pleines de sang…” [ibid. 10-15]. 

Et malgré tout, le prophète conclut en disant :

“Je restaurerai tes juges comme au début, et tes conseillers comme au commencement, et après cela, on t’appellera ‘ville de la justice’, ‘cité fidèle’” [ibid. 26].

2/ Les leçons de l’Histoire. 

Dans la longue histoire de la nation d’Israël il est arrivé de nombreuses fois que tout semble perdu, et que de manière inattendue tout se réveille brusquement, et que la flamme de sainteté qui se consume au fond de l’intériorité apparaisse aux yeux de tous.

C’est ainsi que fonctionne la science, par extrapolation : quand une certaine action s’est répétée un grand nombre de fois, on admet qu’elle continuera de se produire. Ainsi par exemple, nous sommes certains que lorsque nous lâcherons la pierre que nous tenons dans la main, elle tombera vers le bas, parce que jusqu’aujourd’hui c’est une chose avérée que c’est ce qui se passe chaque fois que nous la lâchons. C’est la même chose pour notre sujet : à de nombreuses reprises nous étions noyés dans la boue, et au bout du compte nous en sommes sortis, et bien plus : plus la boue était profonde et plus nous sommes remontés haut. Voici ce qu’écrit le Rav au sujet de la ‘protestation contre la profanation du Chabbat’ :

“Ce n’est pas la première fois que nous rencontrons dans notre histoire une situation de très grave faiblesse, du point de vue matériel et surtout du point de vue spirituel : une situation” de profanation de Chabbat extrêmement grave, “qui devrait nous amener aux affres du désespoir. Mais nous ne sommes pas effrayés. Nous ne sommes pas désespérés dans chaque situation de crise. Nous sommes sûrs que ‘L’Éternel d’Israël n’est ni trompeur ni versatile, et (…) Il ne change pas d’avis’ [Samuel I 15, 29], et à partir de l’obscurité et des ténèbres brillera la lumière du salut. Quand nous allons voir l’époque des Juges, particulièrement celle d’Abimélec fils de Jérubbaal, de Zeboul et de Gaal et des gens de Sichem, nous ressentons l’extrême appauvrissement matériel et spirituel où se trouvait alors la nation, alors que les rivalités, les massacres et les scandales – ‘ils vendangeaient les vignes et ils faisaient des fêtes dans leurs maisons d’idolâtrie’ [d’après Juges 9, 27] – ternissaient son sort. Mais quand nous portons notre regard plus loin, voici que la lumière brille : Samuel, David et Salomon, l’édification du Temple, un royaume puissant, la Thora, la sagesse, la prophétie et l’esprit de sainteté, le pouvoir, la loi et la justice. L’esprit divin a soufflé, les nuages se sont dissipés, et brille le soleil de la droiture, le soleil d’Israël envoie ses rayons éclatants de beauté. 

“Nous aussi aujourd’hui, ‘prisonniers de l’espoir’, ‘captifs de l’exil’, qui participons activement à la construction de notre peuple et de notre Terre, que notre cœur ne soit révulsé par aucune situation effrayante de déchéance et d’obscurité, qu’elle soit d’essence matérielle ou même spirituelle. Nous avons l’assurance du ‘Rocher d’Israël’ [Samuel II 23, 3], ‘qui dit à Jérusalem : tu seras habitée (…), et tes ruines Je les relèverai’ [Isaïe 44, 26], car la parole qu’Il a prononcée pour le bien sera tenue et réalisée, le retour à Sion, qui a commencé de luire depuis l’obscurité des prairies de Jacob, ajoutera sa lumière ……….., et vaincra tous les obstacles. C’est avec un cœur douloureux, mais non un cœur désespéré, que nous contemplons la terrible déchéance spirituelle parmi les forces qui participent avec nous à l’édification matérielle du peuple et du pays. Mais à cause de cela, et seulement à cause de cela, nous trouvons en nous la force et l’obligation de nous opposer à l’indécence et de lutter à toute force contre les destructions qui nous livrent à la honte et à la désolation, et qui ruinent toutes nos actions…” [Maamaré Haréaïa p. 451].

3/ L’évidence.

Quiconque a les yeux ouverts pourra voir chez ces gens le désir profond qui se consume vers la sainteté.