Il y a ici une contradiction interne : comment peut-on dire que les ‘insignifiants’ [littéralement, les ‘vides’] sont ‘pleins’ ? On pourrait dire à la rigueur que les ‘vides’ ne sont pas complètement ‘vides’, mais juste un peu pleins, mais comment dire qu’ils sont absolument pleins ?!
Pour comprendre cela nous devons regarder le fruit du grenadier. Il y a toutes sortes de fruits ; certains ont un seul gros noyau, comme la pêche ; d’autres ont de petites graines comme les raisins ; mais la grenade est le seul fruit entièrement rempli de graines, qui n’est rien d’autre que ses graines. Il n’y a pas le fruit d’une part et des graines d’autre part, mais il y a identité complète entre le fruit et ses graines…
Les ‘insignifiants’ d’Israël sont ainsi : ils sont remplis de mitsvot, mais il ne s’agit pas des mitsvot qu’ils accomplissent, puisque ces ‘insignifiants’ n’observent pas les mitsvot ; dans leur essence et dans leur âme ils sont remplis de mitsvot. On objectera peut-être qu’alors, ces ‘insignifiants’ ne sont pas vraiment ‘pleins de mitsvot’ !? C’est entièrement faux. Ces ‘insignifiants’ sont vraiment ‘pleins de mitsvot’, mais ce sont les mitsvot de la personnalité d’Israël qui sont en eux, tout comme les graines de la grenade constituent son essence. À la différence d’un portefeuille, qui peut être plein d’argent ou vide d’argent, à la différence de la vigne, qui peut être pleine de raisins ou vide de raisins, à la différence de la datte, qui a un noyau qu’on doit enlever pour la donner à manger à un enfant, à la différence de tous ceux-là, une grenade sans graines, ce n’est pas une grenade, il y a une identité absolue entre le contenant et le contenu.
Ainsi, quand nous disons que les ‘insignifiants’ d’Israël sont ‘pleins de mitsvot’, ce ne sont pas celles qu’ils accomplissent, mais celles qui sont intégrées dans la texture de leur âme. Ces mitsvot sont un feu qui couve sans percer au-dehors. Il faut croire en cela, et la foi allumera ce feu permanent au fond d’eux.