Note 7.200 – Israël revient à la lumière à l’exemple des Sages

L’âme [divine] afflue sur l’homme par les fenêtres divines de sa personnalité, mais il arrive que l’homme ne veuille pas de cette lumière parce qu’elle l’aveugle. Il va donc combler ces ouvertures au moyen d’occupations diverses et variées, et ‘brûler le temps’, afin que cette lumière ne se fraye pas de passage pour l’atteindre. Voici ce qu’écrit le Rav Kook :

“Lorsque l’esprit s’effondre, l’homme s’abaisse. La question de la vie devient entièrement une question de basse mécanique : comment se procurer du bois pour allumer le petit poêle, pour réchauffer cette demeure matérielle qui s’appelle ‘homme’ ?… Et ces morceaux de bois prennent de la valeur parce qu’ils sont du ‘pain’, et qu’il faut beaucoup de travail pour les obtenir  [toute la journée, l’homme est occupé à sa subsistance, afin de pouvoir ‘manger’]. 

“Pourtant, cette maison a aussi des fenêtres par lesquelles entrent des rayons de lumière, mais ceux-ci dérangent la sombre tranquillité qui est en lui [la lumière l’appelle à la regarder, mais l’homme ne veut pas regarder la lumière, il veut continuer de s’occuper de ses futilités insensées]. 

“Il doit donc trouver les moyens de boucher ces fenêtres, et c’est cette nécessité qui a fait naître tous les savoir-faire pour ‘tuer le temps’  [et la télévision est un de ces savoir-faire les plus réussis. Pendant les grandes vacances, il y a des enfants qui restent assis à regarder la télévision dix heures par jour ! Et il y a des enfants qui arrivent à l’école maternelle après avoir déjà passé 15 000 heures à regarder la télévision !] [- et depuis quelques années, le Smartphone a fait encore plus de ravages – NdT]. 

“Quand ce style de vie émane de tous les enseignements de la vie d’aujourd’hui, nous ne pouvons évaluer à quel point l’esprit collectif peut sombrer et descendre, la décadence est d’une profondeur insondable. Au début ce n’est qu’un ternissement du prestige de la morale la plus élevée, mais la chute se poursuit jusqu’à l’effacement de la dignité humaine. Cette maladie de la décadence, lorsqu’elle vient s’accoupler à Israël, mine ses forces des milliers de fois plus que celles de tout autre peuple. Quand la qualité de la vie matérielle et spirituelle descend jusqu’à la bassesse vulgaire de la grossière matérialité, ce peuple, qui est dans son essence un ‘royaume de prêtres et un peuple saint’ [Exode 19, 6], dont toute la vie collective est une aspiration grandiose, puissante et longue, vers une élévation spirituelle sublime, est saisi de douleurs, d’arrêt respiratoire, d’arythmie cardiaque et de convulsion des membres” [Eder Hayakar, p. 21]. 

Au début du chapitre, le Rav cite les paroles du Midrach :

“Israël a été comparé à un oiseau. De même qu’un oiseau ne peut voler sans ailes, de même Israël ne peut rien faire en-dehors des Sages”  [Vayikra Rabba 11, 8].

Il continue ici en s’appuyant sur cette citation :

“Israël est comparé à un oiseau, il a été créé pour voler, et il est obligé de voler : ‘son cœur et sa chair jubileront vers le Dieu vivant’ [d’après Psaumes 84, 3]. Mais comment s’élèvera-t-il pour voler si ses pieds sont enfoncés dans la boue ? Si tout le champ de la vie est rempli de désordre, de confusion et d’obscurité par rapport au gouvernement de l’esprit et à la noblesse de la vie ?C’est une époque saisie de désespoir, Jacob se dit que tel est peut-être son sort, de marcher maintenant sur son ventre et mordre la poussière…

“Israël lèvera les yeux vers les Sages de la génération, vers les individus d’exception sur les genoux desquels il est né ; il verra la splendeur de leur âme et la hauteur de leurs aspirations. En eux il reconnaîtra son esprit, car l’esprit de la nation se dévoile chez ses Grands. Alors il reconnaîtra la substance de sa vie, car bien que la question du pain soit une grande question qui exige des solutions, on peut être sûr que toute la vie collective ne se résume pas à cette question. Il se remplira de l’esprit d’une vie nouvelle, une vie naturelle pour lui, une vie de sainteté et de délicatesse d’esprit. Il avancera dans son propre chemin, il se frayera une voie sur laquelle et par laquelle il atteindra tout ce qu’il désire, de sorte que même la question du pain sera plus facile à résoudre, car le désir divin réussira dans ses mains”  [Eder Hayakar, p. 21].