La grandeur de l’homme, c’est la capacité de connaître, qui n’existe pas chez les animaux. À propos du verset : “l’Éternel Dieu créa l’homme poussière de la terre, et il insuffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant” [Genèse 2, 7], Rachi écrit : “Le bétail et les animaux sauvages sont aussi appelés ‘êtres vivants’, mais l’être humain est le plus vivant de tous, car il a en plus la connaissance et la parole”.
Selon l’avis du Rambam, ‘l’image divine’ qui est en l’homme, ‘l’âme’ spécifiquement humaine qui est en lui, c’est l’intelligence :
“Le mot ‘image’ est employé ici pour signifier la ‘tsoura’ naturelle, qui désigne ce qui fait qu’une chose devient ce qu’elle est ; c’est sa vérité par le fait même qu’elle est cette créature-là. En ce qui concerne l’homme, cela définit la capacité d’être homme, et c’est l’aptitude à l’intelligence à propos de laquelle il est dit dans le verset : ‘à l’image de Dieu Il le créa’ [Genèse 1, 27]” [More Nevoukhim 1, 1].
“La véritable plénitude humaine consiste à atteindre le niveau de la pensée, c’est-à-dire la conception d’idées véridiques sur le Divin. C’est le but ultime, et ce qui donne à l’homme toute sa plénitude. C’est une chose qui n’appartient qu’à lui, qui le fait parvenir à l’éternité, c’est ce par quoi il est homme” [Ibid. 3, 54].
“La vie de toute chair est le potentiel qui lui a été donné par Dieu. La capacité supplémentaire de connaissance, qui caractérise la vie humaine, est le potentiel donné à l’homme pour atteindre sa complétude. C’est à ce sujet qu’il est dit dans la Thora : ‘Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance’ [Genèse 1, 26]…” [Lois des Fondements de la Thora 4, 8].
“L’homme, avant qu’il développe son intelligence et qu’il acquière la connaissance du Divin, peut être considéré comme une bête. Il ne se différencie des autres espèces animales que par sa capacité à penser, c’est-à-dire à se représenter les idéaux divins…” [Introduction du Rambam à la Michna].
La part animale de l’homme est elle aussi nécessairement accordée à la nature humaine :
“Les quatre composantes de la vie que nous avons mentionnées plus haut sont spécifiques de la vie humaine. La nutrition de l’homme n’est pas semblable à celles du cheval ou de l’âne, car l’homme se nourrit à la manière de l’homme, alors que l’âne se nourrit à la manière de l’âne, et l’aigle à sa manière à lui. Pour tous on dit ‘il se nourrit’, mais ce n’est qu’un mot qui est mis en commun et qui recouvre des réalités différentes. On dit aussi de l’homme et des animaux qu’ils ‘ressentent’, en employant du même mot, alors que le ressenti de l’animal n’est pas celui de l’homme, et qu’il diffère d’une espèce à l’autre, chacune a sa vie et son comportement spécifiques. Quand des comportements se ressemblent, on peut penser qu’ils sont identiques, mais en réalité ce n’est pas le cas…” [Huit Chapitres, chap. 1].
(…) D’après le Rambam, l’intelligence est l’inspiration divine de l’homme. Et en effet, ce qui nous relie au Saint-Béni-Soit-Il n’est pas l’oreille ni la jambe, ni même le sentiment ou l’imagination, car tout cela se trouve aussi chez les animaux, mais c’est l’intelligence. Il est évident que le Rambam ne nie pas l’importance de la volonté, car sans la volonté l’homme ne peut rien faire du tout ; ni l’importance du sentiment, car sans la capacité de s’émouvoir l’homme reste sec et inerte ; mais tous ces caractères doivent être placés sous la domination de l’intelligence…