Le Saint-Béni-Soit-Il a créé le monde avec 22 lettres :
“Betsalel savait combiner les lettres avec lesquelles le ciel et la terre ont été créés » [Berakhot 55a].
Dans le livre du Tania, section ‘l’unicité et la foi’, premier chapitre, on trouve :
“Il est écrit : ‘Pour toujours, Éternel, ta parole se tient dans les cieux’ [Psaumes 119, 89]. D’après le Baal Chem Tov, ‘ta parole’, c’est ce que Tu as dit : ‘Qu’il y ait un firmament à l’intérieur des eaux [et qu’il sépare les unes des autres]’ [Genèse 1, 6]. Ces mots et ces lettres se tiennent en permanence dans le firmament des cieux, et ils prennent l’pparence de tous les firmaments qu’ils font vivre éternellement, comme il est écrit : ‘et la parole de notre Dieu se tiendra pour l’éternité’ [Isaïe 40, 8].
“Les paroles divines existent et vivent pour toujours, car si les lettres se retiraient un instant pour revenir à leur source, à Dieu ne plaise, tous les ciels retourneraient au néant absolu, il n’y aurait plus trace de leur existence, comme si la parole ‘Qu’il y ait un firmament…’ n’avait jamais été dite. Et ce serait la même chose pour toutes les créatures de tous les mondes, ceux d’en-haut et ceux d’en-bas, y-compris cette terre faite toute de matière, qui appartient par excellence au domaine de l’inerte : si les lettres se retiraient un seul instant, [ce serait comme] avant les six jours de la Création…
“Et de même pour toutes les créatures du monde : les noms par lesquels on les appelle dans la langue du Saint [l’hébreu] sont les lettres de la Parole [divine créatrice], qui descendent de niveau en niveau pour se concrétiser à partir des Dix Paroles mentionnées dans la Thora, au moyen de métamorphoses passant par 231 stades, jusqu’à ce qu’elles arrivent à la créature et prennent son apparence pour lui donner vie…”.
Il faut aussi rapporter les paroles de Rabbi Kalonymus Kalmich, l’Admor de Piaseczno, prononcées à la sortie de Yom Kippour 5686 (1925), et consignées dans le livre Derekh Hamelekh, p. 266. Les lettres dont il s’agit sont les bases spirituelles de l’existence, et elles sont aussi les bases spirituelles de la Thora et de l’âme d’Israël. Car la Thora fut marquée dans l’âme d’Israël bien avant d’être inscrite à l’encre sur un parchemin. Si seulement nous savions lire la carte de notre âme, nous y rencontrerions toute la Thora, de même que les Patriarches ont appliqué toute la Thora avant qu’elle fût donnée [voir Midrach Tanhouma, Vayigach, § 11], parce qu’il ont porté leur regard limpide et clairvoyant dans la profondeur de leur âme, et qu’ils y ont vu toute la Thora. Mais nous qui ne savons pas lire dans notre âme, nous ne pouvons y parvenir que par l’étude de la Thora. Nous étudions la Thora, et avec le temps nous arrivons à rencontrer notre âme.
Et dans le futur à venir, nous vivrons de nouveau la Thora de façon naturelle, qui coulera de source depuis notre âme profonde :
“Car voici l’alliance que Je trancherai avec la Maison d’Israël après ce temps-là, parole de l’Éternel : J’ai mis ma Thora en eux, et Je l’écrirai sur leur cœur ; Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Ils n’apprendront plus, qui à son ami, qui à son frère, à connaître l’Éternel, car tous Me connaîtront, des plus petits aux plus grands, parole de l’Éternel, car Je pardonnerai leurs fautes et j’effacerai le souvenir de leurs péchés” [Jérémie 31, 33-34].
Ce que résume en quelques mots le Rav Kook :
“Autrefois, Je leur ai donné la Thora ; dans l’avenir Je leur donnerai la vie” [Orot Hakodech (III), p. 138].
Nous n’accomplirons plus les mitsvot pour obéir à un ordre extérieur, mais parce que nous les vivrons [de l’intérieur], parce qu’elles seront l’essence de notre vie, tout comme nous n’avons pas besoin de penser à respirer, mais la respiration s’effectue spontanément. C’est ce que veut dire la Guemara :
“Les mitsvot seront annulées dans le futur à venir” [Nidda 61b].
Voir aussi Igrot Haréïya (I) 173.