Comme nous l’avons dit, on parle ici d’un homme qui est entièrement acquis au désir de la terre d’Israël. Le fait qu’il se trouve hors d’Israël ne relève que la clause de ‘davar cheeino mitkaven’ [‘quelque chose qu’il n’a pas voulu’ ; Chabbat 22a], et de ‘hanaa habaa lo leadam beal korho’ [‘une jouissance qui vient à l’homme contre son gré’ ; Pessahim 25b] (…)
Nous ne sommes pas coupables de nous être trouvés en Espagne, mais nous sommes coupables de nous être sentis bien en Espagne. Nous sommes coupables d’avoir dit que nous avions une “Jérusalem” en Allemagne. C’est ce qu’écrit le Rav Issakhar Chlomo Teykhtal (que Dieu venge son sang !) dans son livre Em Habanim Semeha [pp. 109-110 de l’édition française], en citant le livre Meïrat ‘Einaïm du Rav Yéhochoua Falk :
“La raison pour laquelle les persécutions ont été plus fréquentes dans la communauté de Worms que dans les autres pays est la suivante : les Juifs se sont installés à Worms à l’époque de la destruction du Premier Temple, et quand, après les 70 ans du premier exil, les exilés de Babylone revinrent à Jérusalem et en Terre d’Israël, les habitants de Worms refusèrent d’y retourner. Les Juifs de Jérusalem écrivirent à ceux de Worms, pour leur demander de revenir habiter en Israël afin de participer aux trois fêtes de pèlerinage à Jérusalem dont ils étaient très éloignés. Mais ils n’acceptèrent pas leur invitation, ils répondirent : “habitez, vous, la grande Jérusalem, et nous, nous habiterons la petite Jérusalem”, car à cette époque ils étaient devenus des gens importants aux yeux du gouvernement local, et extrêmement riches. C’est la raison pour laquelle les persécutions revinrent sur eux plus que sur les autres communautés de l’exil”.
Et le Rav Teykhtal ajoute :
“C’est peut-être pour cette raison que les pays d’Europe continentale ont toujours été plus hostiles aux Juifs, comme le montre l’histoire des communautés juives depuis le moyen âge jusqu’à nos jours. En effet, c’est toujours là que les malheurs et les persécutions ont commencé. On voit donc que parce que les Juifs ont choisi de se fier à la sécurité de leur pays d’accueil, les malheurs, les persécutions et le bannissement sont venus sur eux. Il en a été ainsi dans tous les pays de l’exil : chaque fois que les Juifs détournent leur pensée du retour en terre d’Israël, le Maître du monde les renvoie vers un nouvel exil et un dur asservissement, pour réveiller en eux le désir de rentrer en terre d’Israël”.
C’est aussi ce qu’écrit le Rav Méïr Simha de Dvinsk dans son commentaire de la Thora intitulé Mechekh Hokhma [Lévitique 26, 24] :
“L’Israélite oubliera complètement ses origines et se considérera comme un citoyen nouveau… il pensera que Berlin, c’est Jérusalem… et alors se lèvera un vent d’orage et de tempête qui l’arrachera à sa race…”