De même que “le mensonge ne tient pas debout” [Midrach ‘Otiot Derabbi Akiba’ ; voir la Guemara de Chabbat 104a], et que le mensonge ne peut tenir que par les parcelles de vérité qu’il contient, les Sages de la Kabbale nous enseignent que les ‘klippot’ [les ‘écorces’, c’est-à-dire les épluchures que l’on jette] ne tiennent que par les étincelles de sainteté qu’elles contiennent. (‘Klippa’ est un surnom du mal ; mais les Sages de la Kabbale nous ont aussi enseigné que le fruit ne peut se maintenir sans son écorce, que la klippa est nécessaire et qu’elle précède toujours le fruit…).
Dans une lettre adressée à l’Agoudat Israel [Igrot Hareaya (II) p. 170], le Rav Kook écrit que lorsqu’on lutte contre un certain courant, il ne suffit pas de le contredire. Il faut trouver le point de vérité qui est en lui, et montrer comment ce point-là existe chez nous sous une forme bien supérieure. (…)
Le communisme, par exemple, a tenu bon pendant soixante-dix ans parce qu’il y avait en lui un point de vérité, qui était le principe d’exigence de la justice. Les défenseurs de la foi auraient donc dû montrer comment l’exigence de justice existait dans la Thora d’Israël sous une forme bien supérieure, et de cette façon le communisme se serait écroulé de lui-même…
Même dans les pays d’exil se trouvent disséminées des étincelles de sainteté, car sans elles ils s’effondreraient sans laisser de traces ! Au peuple d’Israël est dévolu le rôle de sauver toutes ces étincelles. La Guemara de Pessahim [87b] le dit dans ces mots : “Le Saint-Béni-Soit-Il n’a exilé Israël parmi les peuples que pour que se joignent à eux des convertis”.
Quand ces non-Juifs-là se convertissent et se joignent au peuple d’Israël, ils ajoutent à ce que nous sommes toutes ces étincelles de sainteté dispersées parmi les nations (et selon les mots du Sefer Hamikna sur le traité Kiddouchine 70b : “C’est dans la nature des convertis de constituer la montée des étincelles de sainteté mêlées au mal. C’est ce que disent nos Sages [de manière métaphorique] : ‘Israël n’a été exilé que pour que se joignent à eux des convertis’, cela veut dire que pendant leur exil, ils ont rassemblé les étincelles de sainteté qui s’y trouvaient dispersées…’
(…) C’est un fait qu’il y a eu beaucoup de non-Juifs qui se sont convertis et qui se sont joints au peuple d’Israël au cours de l’histoire, et c’est la raison pour laquelle les Juifs qui viennent d’un certain pays ressemblent aux non-Juifs de ce pays…
Question : Comment l’affirmation que “nous avons été exilés de notre pays à cause de nos fautes” peut-elle s’accorder avec ces paroles de nos Sages, qu’Israël a été exilé pour rassembler les étincelles de sainteté dispersées parmi les peuples ?
Réponse : Nos fautes nous ont fait perdre de nombreux points forts que nous avions en nous, et c’est à partir de là que ces ‘étincelles’ se sont dispersées chez les nations du monde. Il faut souligner que les deux temples ne furent pas détruits parce que nous ne mettions pas les téfillines, ou parce que nous n’appliquions pas les lois de l’alimentation cachère, mais parce que nous avions perdu les qualités morales essentielles de l’humanité en général :
“Pour quelle raison le Premier Temple a-t-il été détruit ? – à cause de trois choses qui étaient alors très répandues dans le peuple juif : l’idolâtrie, la débauche et le meurtre… Mais que dire du Deuxième Temple, alors que les gens s’occupaient de Thora, de mitsvot et de bienfaisance ? Pour quelle raison a-t-il été détruit ? – parce que le peuple était pénétré de haine gratuite…” [Yoma 9b].
Au point que le prophète Ézéchiel nous fit cet affront, de nous dire que notre conduite était pire que celle des non-Juifs :
“Ce que font les meilleurs d’entre eux, vous ne l’avez pas fait ; et ce que font les pires d’entre eux, vous l’avez fait” [Sanhedrin 39b].
C’est pour cette raison que, suite à nos fautes, nous avons dû retourner dans les nations du monde, afin de recevoir d’eux les ‘convertis’ [au sens propre et au sens métaphorique, comme nous l’avons dit plus haut], et de récupérer de cette manière tous les points forts que nous avions perdus.
(Incidemment, la hassidout Habad prétend qu’il n’est pas encore temps de monter en terre d’Israël parce qu’il reste encore des étincelles à récupérer de exil. Cependant, nous soutenons que la récupération des étincelles n’est pas un processus sans fin, et que le Ciel nous a déjà montré de nombreux signes que cette tâche est terminée et que le temps est arrivé de revenir en terre d’Israël. Ces signes nous ont revêtu différentes formes, tantôt terrifiantes avec la catastrophe de la Choah, et tantôt encourageantes avec le ‘dévoilement de la fin de l’exil’ [visible parce que la terre donne ses fruits en abondance], le retour à Sion, la construction du pays et la création de l’état. L’assimilation aussi est un signe qui nous montre comment des millions de Juifs habitant en exil nous sont arrachés à chaque instant.)