Note 7.169 – Le besoin physique et spirituel de l’air d’Israël

Le Rav emploie les mots ‘guidoul ra’anan’ [littéralement : ‘croissance fraîche’] qui font allusion à la croissance d’une plante, qu’on ne peut pas faire pousser de manière artificielle, en forçant la nature, mais qui doit pousser dans le terrain qui lui convient, et de la manière qui lui convient, comme le suggère la métaphore de l’arbre dans le livre du Kouzari [2, 9-12]. Tant qu’elle est plantée dans un terrain qui ne lui convient pas, elle peut tout au plus survivre, mais quand elle est plantée dans son environnement naturel, elle vit et se développe de manière florissante. C’est la même chose pour le peuple d’Israël : tant qu’il se trouve en exil, il peut tout au plus survivre, et c’est seulement en terre d’Israël qu’il peut vivre et se développer.

En bref, en terre d’Israël nous sommes vivants, et en exil nous sommes morts. En exil, nous ne vivons pas, nous survivons, nous sommes les ‘ossements desséchés’ dont parle le prophète Ézéchiel [chap. 37], et nous finissons par être des ‘ossements décomposés’, comme l’écrit le Gaon, Rabbi Éliahou de Vilna [Compilation du Gra à la fin du Sifra Detsniouta] :

“Car depuis que le Temple a été détruit, notre esprit est parti, couronne de notre tête, et [sans lui] nous restons comme son corps privé de vie” [et comme le corps est dépourvu de souffle, il va en se décomposant], “partir hors de la terre d’Israël, tel est notre tombeau, la vermine nous entoure et nous n’avons pas de moyens d’y échapper, ce sont les idolâtres qui dévorent notre chair” [les peuples nous ‘dévorent’ par les pogroms et par l’assimilation, et tout cela à cause de notre absence de souffle]. “Il y avait malgré tout de grandes communautés et de grandes yéchivot, jusqu’à ce que la chair se décompose et que les ossements se dispersent, dispersion après dispersion. Et malgré tout il y avait des ossements qui étaient toujours là, à savoir les Talmidei Hakhamim d’Israël, ceux qui faisaient tenir le corps” [Les Talmidei Hakhamim sont ‘le squelette de la nation’], “jusqu’à ce que les os se décomposent complètement et qu’il ne reste plus de nous qu’une pelletée de matière décomposée, jusqu’à ce que nous soyons réduits en poussière : ‘Notre vie a été réduite en poussière’ [Psaumes 44, 26]”. De notre vie nationale il ne reste qu’une pelletée de matière décomposée, au point qu’elle se réduit à une poussière morte. “Et nous attendons maintenant la résurrection des morts : ‘Secoue-toi de la poussière, lève-toi’ ! [Isaïe 52, 2], et : ‘Jusqu’à ce que se déverse sur nous un souffle d’en-haut’ [Ibid. 32, 15]”.

Notre maître le Rav Tsvi Yéhouda raconta cette histoire :

“À la génération précédente, le Rav de Jérusalem était le Rav Chmouel Salant, un Grand de la Thora qui était connu dans le monde entier. Il était originaire de Lituanie, de la ville de Salant. Dans sa jeunesse il fut atteint de tuberculose, au point que les plus grands médecins étaient désespérés et craignaient pour sa vie. Ils lui conseillèrent d’aller dans une certaine ville de cure située entre l’Égypte et l’Éthiopie, car là-bas le Saint-Béni-Soit-Il a disposé une bande de terre douée de vertus salutaires pour la santé, et peut-être pourrait-il y vivre encore de nombreuses années. Rabbi Chmouel Salant leur dit : ‘Mais ce n’est pas loin de la terre d’Israël, il vaut mieux aller là-bas’ ! Et en effet il alla à Jérusalem, où il vécut jusqu’à l’âge de 93 ans, dont 60 ans de service comme Rav de Jérusalem.

“Il y a beaucoup d’autres exemples de gens guéris par l’air du pays d’Israël, d’un point de vue psychologique ou psychophysiologique. Dans le même ordre d’idées il y avait un grand médecin, chercheur renommé dans le monde entier, ni religieux ni sioniste, mais qui défendait le fait que parmi toutes les sortes de maladies, il y a des maladies plus juives que d’autres. Ce médecin disait : ‘Je suis arrivé à la conclusion que la cause de ce phénomène est que nous sommes asiatiques. Nous sommes apparentés à la terre d’Israël, et en exil nous ne trouvons pas de climat qui nous convienne. Quand à cela s’ajoute une certaine faiblesse, nous en payons le tribut’” [Sihot Harav Tsvi Yéhouda, 1ère édition, ‘Al Hiouniout Kichereinou Laarets, p. 4].