Nous présentons ici un site gratuit d’étude en français des livres ‘Orot Hatechouva’ et ‘Orot’ du Rav Kook. Ce projet se veut convivial et interactif, destiné à un large public. Il est accessible sur ordinateur, tablette ou Smartphone. Il vise à proposer, au questionnement légitime de chacun sur notre monde en crise et en devenir, les réponses de la Thora d’Israël.
Obscurité et lumière dans le monde actuel
Notre époque est une époque de remise en question. Les progrès des sciences et des techniques ces 150 dernières années n’ont pas seulement renouvelé radicalement la conception du monde des élites éclairées, mais ils ont engendré un développement économique fulgurant, et un relèvement parallèle du niveau général d’éducation. La capacité du public de comprendre, sa soif de connaissances, n’ont plus aucun rapport avec ce qu’elles étaient il y a un siècle. Le développement des transports et des télécommunications a pratiquement aboli les distances et, avec Internet, ouvert un accès quasi-illimité à l’information et au savoir. Les anciens modes de pensée et d’organisation sociale sont radicalement remis en cause, et une ère nouvelle de l’histoire s’annonce.
Mais en même temps, l’humanité est malade d’une distorsion insupportable entre l’essor de ses capacités créatives et la stagnation de son niveau moral. Ceci s’est traduit au vingtième siècle par de terribles crises d’autodestruction, avec deux guerres mondiales catastrophiques, et plus de cent millions de victimes de régimes dictatoriaux et totalitaires. Le comble de la déshumanisation a été atteint avec la Shoah, tentative la plus radicale des forces du mal pour anéantir le peuple juif, et avec lui l’espoir de réconcilier l’humanité avec ses idéaux.
Les 150 dernières années ont vu en même temps le développement d’un mouvement sans précédent de retour du peuple juif sur sa terre ancestrale, et la renaissance de son foyer national et la construction de son état contre toute vraisemblance, à partir de moyens inexistants et avec l’aide de Dieu. Aujourd’hui cet état, face au déclin de l’Europe, aux atermoiements de l’Amérique et à l’échec des idéalismes athées, apparaît de plus en plus comme le porteur exemplaire des valeurs humaines, antidote à la fois de l’islam radical et du découragement intérieur. On peut dire que les outrances antisionistes, si largement répandues aujourd’hui, ne font que confirmer cette image en négatif.
Orot Hatechouva : la remise en question par excellence
Les textes que nous présentons ici ont été écrits par Rav Kook il y a un siècle. Avec une inspiration proche de la prophétie, il analyse en profondeur cette situation du monde qu’il percevait déjà à l’état embryonnaire, et il explique la vocation d’Israël à y remédier en redevenant un peuple à part entière. Il propose une actualisation de l’enseignement de la Thora par un retour à la source de la foi juive dans la Kabbale, incontournable pour satisfaire les exigences de connaissance et de vérité des générations actuelles.
Dans Orot Hatechouva, le Rav Kook développe une conception révolutionnaire de la techouva qui, au-delà du simple repentir de l’homme après la faute, se caractérise par un processus cosmique, une attitude divine précèdant la création du monde, par laquelle Dieu se penche avec miséricorde sur les manques du monde créé, et lui insuffle constamment le souffle de vie dont il a besoin pour atteindre sa vocation. À l’homme d’user de son libre-arbitre pour recueillir ce flux vital et le mettre en valeur.
Orot : la ‘substantifique moelle’
Quant au livre Orot, c’est un petit livre en nombre de mots, mais il est central dans l’œuvre du Rav Kook et ses phrases pèsent lourd de signification. Il contient un message essentiel, une clé incontournable pour comprendre la crise actuelle de la conscience mondiale et les processus historiques en cours. Dans un style flamboyant d’inspiration, mais parfaitement rigoureux et exempt de toute dérive mystique, le Rav nous explique patiemment et systématiquement comment la foi d’Israël, assumée et vécue positivement par le peuple d’Israël revenu sur sa terre, vient réconcilier l’âme humaine avec le monde réel, donne à l’humanité le moyen de revenir de ses égarements dévastateurs, et d’opter enfin pour la paix et la fraternité. Il montre que la spiritualité authentique, non seulement n’est pas gênée par les développements matériels et les connaissances scientifiques, mais qu’elle y trouve le soutien indispensable pour mettre à niveau notre compréhension de la Royauté divine, et intégrer dans un cadre harmonieux le capital colossal des données de la science. L’élan vers Dieu, loin d’être gêné par la réalité concrète, y trouve le moyen de son ascension vers la vérité. La perspective messianique véritable commence alors à devenir compréhensible, sans aucune ressemblance avec les oripeaux apocalyptiques dont on avait voulu l’affubler.
Pas une ‘traduction’, mais un site d’étude
Il nous faut d’abord demander pardon au Rav Kook d’avoir prétendu le ‘traduire’. Les écrits du Rav n’ont rien d’un texte banal, mais ils donnent forme à une inspiration divine dans la langue du Saint – l’hébreu. Le lecteur hébraïsant est immédiatement saisi par la hauteur du discours et par son pouvoir d’évocation. Mais l’émotion ressentie, si elle n’est pas étrangère à la profondeur du message, est loin de pouvoir se traduire d’emblée dans les termes d’une compréhension claire. Or il importe de maintenir cette substance divine dans une forme véridique, et veiller à ne pas laisser l’imaginaire humain s’en emparer et la dénaturer. Cette difficulté est encore multipliée quand on y ajoute les écueils de la traduction.
En réalité, le danger est de croire qu’on peut ‘traduire’ ce qui n’est pas seulement un écrit de la main de l’homme, mais un message vivant d’inspiration divine. À supposer qu’on lui applique une ‘machine à traduire’ aussi parfaite que possible, on obtiendra un texte transposé dont l’originalité sera sans doute comparable à celle du texte original. Le génie littéraire pourra même alors s’en mêler, pour l’embellir et lui donner plus d’effet. Mais quel sera le rapport entre le produit fini et le message d’origine, entre la composition littéraire et l’authenticité du contenu ? On doit s’attendre à ce que l’élaboration linguistique, tributaire d’une culture étrangère, fausse le sens profond, et que ce brouillage ait un effet dévastateur sur la compréhension du message, à la mesure même de la réussite littéraire ! C’est pourquoi nous avons voulu résolument résister à la tentation ‘littéraire’, et voulu donner au texte original une expression aussi simple et proche du sens littéral que possible, sans trop de considération pour l’élégance du style, et sous l’éclairage constant du commentaire du Rav Aviner.
En effet, l’étude de ce texte difficile dans la tradition transmise par les élèves du Rav Kook est le passage obligé, la condition nécessaire pour accéder à la dimension de vérité qu’il vient révéler. La vocation de notre projet est de mettre cette étude à la portée d’un large public francophone. Nous voudrions donner à l’étude en français suffisamment d’efficacité et de pertinence, pour qu’on puisse trouver dans la traduction nue un reflet authentique du message d’origine, début d’une compréhension synthétique…
Structure du site
Orot Hatechouva et Orot sont deux livres différents, que nous présentons parallèlement.
Orot Hatechouva se compose de 17 chapitres, la plupart divisés en paragraphes, auxquels font suite 9 ‘suppléments’ qui se présentent pour certains sous forme poétique.
Orot se compose de 8 parties de tailles inégales : (I) la Terre d’Israël (8 chapitres) ; (II) la Guerre (10 chapitres) ; (III) Israël et sa Renaissance (32 chapitres) ; (IV) les Lumières de la Résurrection (72 chapitres) ; (V) Semences (8 chapitres) ; (VI) Grand Appel (1 chapitre) ; (VII) le Cours des Idées en Israël (6 chapitres); (VIII) les Lumières d’Israël (9 chapitres, 107 paragraphes).
Ces textes sont présentés et analysés paragraphe par paragraphe, et un titre est donné à chaque paragraphe. Chacun a une ‘page’ à lui, où il est d’abord présenté tel quel, puis repris intercalé dans le commentaire du Rav Aviner. C’est le premier niveau.
Un second niveau de commentaire, plus abondant et tout aussi indispensable à l’étude, est constitué par des notes, signalées dans le texte par des hyperliens/x.y, dont l’activation ouvre une nouvelle ‘page’. Un suffixe indique le numéro du paragraphe suivi du numéro de la note originale dans le livre en hébreu (par exemple : /1.22).
Les ajouts dans le texte [entre crochets] sont explicatifs. Certains sont du traducteur, et ceux qui dépassent un seuil significatif sont signalés comme tels [xxxxxx – NdT].
Le lexique
Beaucoup de mots hébreux n’ont pas d’équivalent en français. Or la compréhension réelle du texte passe obligatoirement par une compréhension précise des mots qui le composent, faute de quoi on ne fait que jouer avec des phrases plus ou moins poétiques, sans pénétrer la démarche de la pensée. La finalité du livre Orot est justement de faire entrer le lecteur dans le monde de la pensée hébraïque, et ceci implique de découvrir des notions nouvelles, désignées par ces mots dont il importe d’expliquer le sens. Or si ces mots ne sont pas vraiment traduisibles, comment en faire ressortir utilement le sens ?
Certains sont employés couramment tels quels, et ils désignent des notions généralement connues du lecteur. Ces mots sont simplement écrits en italique, pour indiquer au lecteur qu’il peut consulter leur définition dans le lexique accessible dans le menu supérieur. Exemples : Chabbat, mitsvot, cacherout.
D’autres recouvrent des concepts importants qui n’ont pas leur équivalent dans la langue française. Pour éviter de trop jargonner avec les mots hébreux, nous avons le plus souvent traduit par le mot français le plus approchant, en signalant sa qualité de ‘faux-ami’ par une écriture en italique, en ajoutant un hyperlien pour renvoyer directement au lexique qui en développe la définition. Exemples : forme, connaissance, étude.
Quand il n’y a vraiment pas d’approximation possible, nous avons gardé le mot hébreu tel quel, inscrit en italique, avec un hyperlien renvoyant à la définition du lexique. Exemple : techouva, émouna.
Le lexique contient en une seule liste alphabétique les mots hébreux et les ‘faux-amis’ français. Chacun renvoie en hyperlien à la définition de la notion.
Interactivité
Malgré tous nos efforts, notre travail ne peut être complètement à l’abri des erreurs, des maladresses et des oublis. De plus, la mise au point progressive du texte avec l’aide des lecteurs se veut une des caractéristiques de ce site. Tous les commentaires, ou propositions diverses, seront donc les bienvenus. Ils peuvent être posté en ‘commentaires’ sur les articles du ‘Journal du site’, ou sur les posts de la page Facebook associée ‘Orot du Rav Kook’, ou être envoyés sous forme d’e-mails à l’adresse : projet.orot.fr@gmail.com .
Remerciements
Nous tenons à exprimer notre gratitude au Rav Aviner pour l’immense travail d’analyse et d’explication qu’il a fourni dans son édition commentée des livres du Rav Kook. Comme il vient d’être expliqué, ce travail rend possible l’accès d’un grand nombre à l’œuvre majeure du Rav Kook, et c’est ce bénéfice que nous voudrions ici mettre à la portée du public francophone.