Moché ‘voit’ dans une vision limpide. Sa vision discerne les plus petits détails, et sa prophétie se met au niveau des prescriptions pratiques les plus précises. Quant aux prophètes, ils voient dans une vision qui n’est pas aussi limpide. Leur regard cerne les grandes choses, et ils prophétisent sur les thèmes généraux de la morale et de la justice ; mais ils ne distinguent pas suffisamment comment les grands principes se subdivisent et se ramifient en fibres aussi fines qu’un cheveu, à l’échelle où ils sont pris en compte par la halakha.
Les chrétiens repoussent la Thora parce que les devoirs y sont trop précisément délimités à leur goût : ceci est ‘interdit’ et ceci est ‘permis’. C’est pourquoi ils dédaignent les mitsvot, alors que les prophètes trouvent grâce à leurs yeux parce qu’ils parlent de manière générale :
Recherchez la justice, rendez le bonheur à l’opprimé. [Isaïe 1, 7]
C’est un devoir moral dont les contours ne sont pas définis, qu’il est possible d’interpréter de toute sortes de manières et qui n’oblige à aucun acte précis. Alors que la Thora de Moché comprend à la fois les grands principes et les obligations pratiques dans leurs moindres détails.
(Paragraphe suivant : 5. Vision globale et vision partielle de la Thora)