2. Bilan de l’État d’Israël

Dans les premiers jours de la guerre de Yom Kippour, un élève de la yéchiva de Merkaz Harav revint du front, brisé et démoralisé, pour voir le Rav Tsvi Yéhouda, et il lui rendit compte dans un grand désespoir des événements très durs qu’il avait vus de ses yeux. Notre maître l’écouta avec une grande attention, assis sur sa chaise dans une position exprimant l’énergie et la puissance. A la fin, il ne dit que deux mots : “Nous avançons”. D’une manière générale et sur le long terme, malgré les difficultés, les écueils et les crises, nous avançons dans tous les domaines :

La Thora. L’exil est un péril mortel, non seulement un danger physique, mais aussi un danger spirituel. Des rabbins se sont opposés à l’Aliya de Russie au siècle dernier parce que ce pays était rempli de Talmidé Hakhamim et d’étudiants de Thora, alors que la Terre d’Israël en était démunie. Et qu’en est-il aujourd’hui ? Là-bas il n’y a presque plus rien, c’est une situation catastrophique. Et ici, le pays est rempli Thora, de yéchivot, de séminaires, d’étude de Thora disséminée dans toute la nation. Bien sûr il y a encore beaucoup à faire, mais nous avançons !

La Terre d’Israël. Un ami à la barbe blanche m’a dit : “Quand mon arrière-grand-père est né, il y avait en Terre d’Israël 30.000 habitants juifs ; mon grand-père, 80.000 ; mon père, 200.000 ; moi, 600.000 ; mon fils, 2.000.000 ; mon petit-fils, 5.000.000 ; et dire que certains prétendent que la situation se dégrade !…”. Nous nous renforçons au contraire, par le rassemblement des exilés et la construction du pays. Grâce à Dieu, nous avons un état extraordinaire. Nous n’en parlons guère, mais dans le monde entier l’État d’Israël est un sujet d’admiration pour son dynamisme permanent. Certains nous aiment, d’autres nous détestent, mais tous reconnaissent notre valeur, comme l’écrit notre maître le Rav Kook : “Au-delà des nombreux défauts que nous constatons dans la conduite de notre génération en général, et en Israël en particulier, nous ne pouvons qu’avoir le sentiment de renaître : partis du niveau le plus bas, nous reprenons forme, cette fois encore, comme aux jours d’antan” [Orot, les Lumières de la Résurrection, p. 77, § 26].

L’armée. On rapporte qu’un père, profondément marqué par la période de la Shoah, monta en Israël après la création de l’État et dit à son fils : “Là-bas ce sont eux qui avaient les armes, et ils nous ont assassinés, et ici un Juif revêtu d’un uniforme tient une arme… les jours du Messie sont arrivés !”

Certes, le Messie n’est pas encore là, et nous l’attendons chaque jour. Mais nous sommes dans la période de préparation au Messie, et comme l’écrit la Guemara, les guerres sont aussi le commencement de la Délivrance [Méguila 17b]. Il y a autour de nous 300 millions d’Arabes soutenus par de nombreux pays, et notre héroïque et brillante armée nous protège. Son nom lui fait honneur : ‘Tsahal’‘Armée de Défense d’Israël’. Quel dévouement admirable chez nos soldats ! Et si quelqu’un objecte : “N’y a-t-il pas aussi du dévouement dans les armées ennemies ?” – Bien sûr, même chez les nazis il y avait du dévouement, mais la question est de savoir dans quel but ! Est-ce un dévouement au service du mal, ou comme dans notre armée, un dévouement pour le peuple d’Israël, pour la Terre d’Israël, et pour la plus grande sanctification du Nom de l’Éternel ?

L’amour d’Israël : oui, l’armée est tout entière amour d’Israël. Si un Juif se trouve en danger, un million de Juifs voleront à son secours. La vie de tous les jours, elle aussi, est marquée par cette fraternité. Même s’il y a encore beaucoup à améliorer (…), réjouissons–nous de ce qui existe déjà.

Les dirigeants. L’exil est une situation de danger physique et spirituel, et c’est aussi le symptôme d’un leadership défaillant. Il faut dire : “Montons ! – construisons ! – édifions notre état ! – mettons sur pied notre armée ! – créons des yéchivot !”, voilà les options d’une direction responsable. On dit parfois : “Nous n’avons pas de véritables dirigeants, ni spirituels ni politiques !…”. C’est peut-être vrai. Pourtant, les réalisations étonnantes de ces cent dernières années, et particulièrement depuis la création de l’État, semblent montrer qu’au moins nous savons travailler ! (…) Plutôt que de vouloir améliorer les autres, il faut d’abord s’améliorer soi-même, et cela aura automatiquement une bonne influence sur les autres. Il faut garder à l’esprit que ceux qui respectent la Thora, mais médisent sur les autres et manquent de droiture, éloignent les gens de Dieu, alors que ceux qui se gardent de la médisance et se conduisent avec droiture, rapprochent les gens de Dieu [Yoma 86a]. Notre travail est donc là, sur les qualités morales : améliorer nos qualités ! Il faut savoir qu’il n’y a pas de ‘sionisme laïc’. Il n’y a qu’un seul sionisme, et il découle du désir profond de ressusciter entièrement la vie d’Israël, qui ne peut être pleine et entière qu’en Terre d’Israël, dans un état d’Israël souverain.